Vladimir Maïakovski, Fenêtre Rosta

Les rues sont nos pinceaux, les places sont nos palettes... Art et propagande en Russie après la Révolution de 1917

Conférence dans le cadre du colloque organisé à l’occasion de l’ exposition de Raphaël Julliard, La grande révolution de 2014

En Russie, la plupart des artistes d’avant-garde accueillirent la Révolution avec un vrai enthousiasme, y voyant la possibilité de réaliser leurs rêves de grands changements pour l’art et la société. Le gouvernement bolchévique prend rapidement conscience de l’intérêt d’enrôler les artistes au service de la propagande pour le nouveau régime. En 1918 est élaboré un « plan de la propagande monumentale », qui dresse des listes d’hommes dignes d’être honorés par la Révolution. Les artistes travaillent pour les grands spectacles en plein air et les grandes fêtes célébrant les événements révolutionnaires et décorent des trains et des bateaux de la propagande destinés à partir en Ukraine, au Caucase ou en Asie centrale. En 1918 est aussi créée l’agence télégraphique ROSTA, qui fournit régulièrement des nouvelles « illustrées », ainsi que plusieurs groupes théâtraux de propagande. L’omniprésence des slogans peints sur des tissus et des affiches de propagande aussi bien sur les lieux de travail que dans les maisons, les rues, les hôpitaux, les écoles ou les prisons est un aspect marquant de la vie quotidienne post-révolutionnaire. Mais peu à peu l’enthousiasme anarchique des débuts est canalisé et formaté, au fur et à mesure que s’instaurent les prémices d’un Etat totalitaire.

Nous examinerons les thèmes et les symboles principaux de cette propagande visuelle (soleil, fumée des usines, train, forteresse, chevalier rouge, lampe d’Ilitch, marteau, faucille, étoile, dragon, serpent, hydre, balai rouge, etc.) et essayerons de comprendre à qui étaient destinées ces images et quelle forme prend la propagande avec l’instauration de l’Etat totalitaire.